PEAUX

Le travail sur peaux (peaux de vaches tannées vendues comme tapis) est techniquement un travail de sculpture, en rasant à l’aide de tondeuses et de lames de rasoir dans l’épaisseur du poil, dans la masse du matériau, sans repentir possible, pour aller du noir du poil vers le blanc du cuir en passant par toutes les nuances de gris.

Symboliquement ce travail dans un matériau issu du vivant prend un double sens naturaliste, proche d’une relique, suscitant en même temps fascination et rejet devant la mort.

Jouant sur cette ambivalence d’une fascination devant la précision de l’image (en milliers de poils par pouce) et de sa réalité physique rebutante, l’objet se présente comme une évidence d’être-là, partie du monde, de sa beauté autant que de sa violence.

L’image, le sujet, constitué physiquement du matériau, du support, de l’objet, en tire un sens décuplé, l’un renvoyant à l’autre à l’infini.

Ce travail repose aussi sur la photographie, les images prises par l’artiste sont fidèlement reproduites dans l’épaisseur du poil donnant en premier lieu le sentiment d’une impression photomécanique, l’illusion trompeuse donne un sentiment étrange devant la compréhension du côté technique de la réalisation.